Présentation de l’app MyDéfi par France Assos Santé
Interviews des Prs Pascal Perney et Mickael Naassila pour mieux connaitre les caractéristiques, l’intérêt et l’utilisation de l’app MyDéfi et de sa version spéciale « Défi de janvier ».
Retour du « dry january » ! Né outre-Manche en 2013, le défi de janvier « made in France » repart pour une 5e édition. Objectif, réduire sa consommation d’alcool. Ce n’est pas un « mois sans », comme c’est le cas en novembre pour le tabac, mais un mois pour s’interroger sur la place que prend l’alcool dans nos vies. Nous le savons tous : rien n’est plus difficile que de changer ses habitudes. C’est pourquoi cette année, une nouvelle application, baptisée Mydéfi, conçue par le Pr Pascal Perney, addictologue, et portée par la Société Française d’Alcoologie (SFA), est mise gratuitement à la disposition de tous ceux qui souhaitent relever ce 5e défi. A vos marques, prêts, téléchargez !
L’application Mydéfi est-elle faite pour moi ?
« L’un des objectifs, lorsque j’ai conçu cette application, était de permettre aux personnes éloignées du soin en addictologie de bénéficier d’un accompagnement en ligne le plus personnalisé possible », commente son concepteur, le Pr Pascal Perney, chef du service addictologie du CHU de Nîmes. De fait, a-t-il remarqué, de nombreuses personnes sont demandeuses d’informations, voire de soutien par rapport à leur consommation d’alcool, mais elles sont souvent mal à l’aise à l’idée d’en parler à leur médecin traitant ou à un soignant qu’elles ne connaissent pas. Et puis, il y a aussi toutes celles qui ont une consommation certes modérée d’alcool, mais qui aimeraient la réduire. Consulter un addictologue leur semble un peu démesuré. L’application Mydéfi peut être une bonne alternative pour les soutenir sur le chemin de la réduction, voire du sevrage. Le Pr Perney déplore, en outre, « qu’il y ait trop peu de consultations disponibles en addictologie et que les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous soient extrêmement longs ». Conséquence, une majorité de consommateurs en difficultés avec l’alcool ne sont pas repérés. Ces derniers pourront sans doute trouver des bénéfices à utiliser une application d’accompagnement personnalisée comme Mydéfi. Et de toute façon, ajoute Pascal Perney, « l’application est un bon outil pour faire le point en deux minutes sur sa consommation ». Après quelques questions, et sans même avoir besoin de s’inscrire, l’utilisateur reçoit une évaluation, à la façon d’un diagnostic. Il n’y a aucune obligation à suivre le programme, et rien n’empêche de refaire une nouvelle évaluation, de temps en temps, pour voir où on en est de sa consommation. Quelle que soit votre approche, Mydéfi reste gratuite.
Les leviers motivationnels de l’application Mydéfi
L’application, en partie coconstruite avec des usagers, repose sur le principe de l’entretien motivationnel, qui est la base de la prise en charge des patients en addictologie. L’algorithme de l’application mime les réponses qu’un médecin addictologue pourrait donner en consultation. L’utilisateur a ainsi l’impression que chaque donnée qu’il renseigne dans l’application est bien prise en compte. En entretien motivationnel, il est essentiel d’exprimer des messages d’encouragement aux patients. C’est pourquoi l’application ne délivre jamais de messages négatifs, même si les utilisateurs ne tiennent pas leurs objectifs, voire traversent une phase où ils aggravent leur consommation. « Nous n’utilisons jamais de messages qui pourraient créer de la résistance et n’insistons pas, par exemple, sur les niveaux de risques pour la santé ou sur la surmortalité due à la consommation d’alcool. En effet, l’objectif est bel et bien d’encourager les utilisateurs à rester le plus longtemps possible sur l’application, à tenir leurs objectifs et à réutiliser Mydéfi quand ils le souhaitent tout au long de l’année », complète le Pr Perney. Les réponses sont d’ailleurs tellement variées qu’il n’y a quasiment aucun risque de recevoir 2 fois le même message, même en utilisant l’application durant des semaines d’affilée.
Des programmes spécifiques
L’un des atouts de MyDéfi est de pouvoir générer plusieurs types de programmes, selon les profils des utilisateurs. Le choix des programmes est automatiquement orienté par l’application en fonction de l’âge, du sexe de l’utilisateur et des niveaux de consommation qu’il indique. A ce jour, 3 programmes ont été mis au point. Le premier s’établit sur douze semaines, le deuxième, sur trente et un jours, a été spécifiquement pensé pour accompagner le défi de janvier, et le troisième s’adresse plutôt aux personnes adeptes du binge drinking, pratique qui consiste à boire de très grandes quantités d’alcool en très peu de temps. « Le choix de ce programme spécifique sur le binge drinking nous a paru pertinent car c’est une pratique particulièrement répandue chez les jeunes et que ces derniers utilisent très largement les outils numériques. », explique le Pr Mickael Naassila, président de la Société Française d’Alcoologie (SFA). Par conséquent, les messages générés par ce programme sont davantage adaptés aux jeunes : ils évoqueront moins, par exemple, l’amélioration du sommeil, qui n’est pas une priorité pour les jeunes gens, que l’impact de l’alcool sur les rencontres et les relations intimes. Ce programme a été validé par les intéressés. Mais, bien sûr, quel que soit le programme, l’application s’adapte avant tout aux données de consommation déclarées par chaque utilisateur. Enfin, il est possible de bénéficier de cet accompagnement au-delà des durées de chacun des programmes proposés.
Prêt pour le défi de janvier ?
« Grâce au programme spécifique des trente et un jours, les candidats pourront désormais choisir, selon leur profil et leurs préférences, entre les deux applications disponibles : Try Dry (version traduite en français de l’application britannique) et Mydéfi, mise à leur disposition pour les aider à tenir leur objectif zéro alcool en janvier », se félicite le Pr Mickael Naassila. Il en profite pour valoriser également l’application Oz Ensemble, qui, avec sa fonctionnalité davantage orientée vers des professionnels de santé en addictologie, est tout à fait complémentaire des deux autres. Sur le sujet de la complémentarité, ajoutons que les associations de patients spécialisées en addictions sont également à l’écoute des personnes en difficultés avec l’alcool, ainsi que de leur entourage.
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